Viol pendant la guerre de Bosnie

Le viol pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine était une politique de violence systémique, qui a pris une forme de masse et ciblée sur le genre[1]. Si des hommes de tous les groupes ethniques ont commis des viols, la grande majorité des viols ont été perpétrés par les forces serbes de Bosnie de l'armée de la Republika Srpska (VRS) et les unités paramilitaires serbes[2],[3],[4],[5], qui ont utilisé le viol comme instrument de terreur et tactiques clés[6],[7]comme partie de leur programme de nettoyage ethnique[8],[9],[10],[11]. Les estimations du nombre de femmes bosniaques violées pendant la guerre varient entre 10 000 et 50 000[12],[7],[13],[14],[15],[16], avec l'estimation supplémentaire que pour un viol signalé il y a 15 à 20 cas non signalés[17].

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a déclaré que le « viol systématique » et « l'esclavage sexuel » en temps de guerre étaient un crime contre l'humanité[18], juste après le crime de guerre de génocide. Bien que le TPIY n'ait pas considéré les viols de masse comme un génocide, beaucoup ont conclu de la nature organisée et systématique des viols de masse de la population féminine bosniaque (musulmane de Bosnie), que ces viols faisaient partie d'une campagne de génocide plus large[19],[20],[21],[22] et que la VRS menait une politique de viol génocidaire contre ce groupe ethnique de Bosnie[23],[24],[25].

Le procès du membre de la VRS Dragoljub Kunarac[26] était la première fois dans une jurisprudence nationale ou internationale qu'une personne était condamnée pour avoir utilisé le viol comme arme de guerre[27]. La large couverture médiatique des atrocités commises par les forces paramilitaires et militaires serbes contre les femmes et les enfants bosniaques a entraîné la condamnation internationale des forces serbes[28],[29]. Après la guerre, plusieurs documentaires, longs métrages et pièces de théâtre primés ont été produits qui couvrent les viols et leurs conséquences.

  1. (en) Doja, Albert, « "Politics of mass rapes in ethnic conflict: a morphodynamics of raw madness and cooked evil »,
  2. « Nations unies, résolution du Conseil de sécurité 798, 18 décembre 1992 »
  3. « Nations unies, résolution du Conseil de sécurité, 1034(1994) »
  4. « Nations unies, résolution de l’Assemblée générale: 47/147 (1992), par.4 »
  5. « Nations unies, résolution du Conseil de sécurité: 1019 (1995), 9 novembre 1995 »
  6. « Nations unies, La Commission des droits de l'homme, résolution 1994/77 »
  7. a et b (en) Bell, Jared O., "4. Sexual Violence: Has a Justification for Thematic Prosecution Been Developed?". The Bosnian War Crimes Justice Strategy a Decade Late, Torkel Opsahl Academic Publisher, (ISBN 978-82-8348-078-8, lire en ligne), p.3
  8. « Nations unies, résolution de l’Assemblée générale: 49/205, 11 septembre 1996 »
  9. (en) Totten, Samuel; Bartrop, Paul R., Dictionary of Genocide, ABC-CLIO (ISBN 978-0-313-32967-8), pp. 356-357
  10. (en) Henry, Nicola, War and Rape: Law, Memory, and Justice, Routledge, (ISBN 978-0-415-56472-4), p. 65
  11. (en) Hyndman, Jennifer, Genocide and Ethnic Cleansing, (ISBN 978-1-4051-8808-1), p. 204
  12. Ina Histoire, « Viols, Bosnie, Simone Veil, 16 juil. 2012, Ina Histoire »
  13. (en) Denic Džidić, « 20,000 Women Sexually Assaulted' During Bosnian War »,
  14. (en) Daria Sito-Sucic, « 'Invisible' Bosnians born of wartime rape use art to find their voice », sur Reuters, (consulté le )
  15. (en) Gadzo, Mersiha, « Court fees and fear: Bosnia war rape victims struggle », (consulté le )
  16. (en) Crowe, David M., War Crimes, Genocide, and Justice: A Global History, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-0-230-62224-1), p. 343
  17. « En Bosnie-Herzégovine, la stigmatisation persistante des victimes de violences sexuelles en temps de guerre »,
  18. « Viol collectif, torture et réduction en esclavage de femmes musulmanes: pour la première fois le TPIY établit un acte d’accusation portant exclusivement sur des crimes sexuels », sur La Haye,
  19. « Nations unies, Résolution adoptée par l’assemblée générale: 48/143, »,
  20. (en) Becirevic, Edina, Genocide on the Drina River, Yale University Press (ISBN 978-0-300-19258-2), p.117
  21. (en) Cohen, Philip J., This Time We Knew: Western Responses to Genocide in Bosnia, New York University Press (ISBN 978-0-8147-1535-2, lire en ligne), p.47
  22. (en) Boose, Lynda E., « Crossing the River Drina: Bosnian Rape Camps, Turkish Impalement, and Serb Cultural Memory p.73 »,
  23. « Nations unies, Situation des droits de l’homme dans les territoires de l’ex-Yougoslavie, E/CN.4/1993/L.3 »,
  24. « Nations unies, Conseil économique et social, Viols et sévices dont les femmes sont victimes dans les zones de conflit armé dans l’ex-Yougoslavie, E/CN.6/1995/L.10 »,
  25. (en) Johan Vetlesen, Arne, Evil and Human Agency: Understanding Collective Evildoing, (ISBN 978-0-521-67357-0), p.197
  26. « KUNARAC, KOVAČ ET VUKOVIĆ, Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, « FOČA » (IT-96-23 et 23/1) »
  27. Marc Semo, « Viols en Bosnie, un « crime contre l'humanité » », sur liberation.fr,
  28. (en) Stiglmayer, Alexandra, The Rapes in Bosnia-Herzegovina, University of Nebraska Press, (ISBN 978-0-8032-9229-1), p.202
  29. (en) Morales, Waltraud Queiser, Feminization of Global Scarcity and Violence, Syracuse University Press (ISBN 978-0-8156-2943-6), p.180

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